Le contenu de la pensée est-il délirant ou se situe-t-il un seuil en dessous, au titre de l’idée surinvestie ? L’idée surinvestie peut être définie comme une idée acceptable (contrairement au délire où l’idée « est manifestement fausse »), compréhensible, poursuivie par le patient au-delà du raisonnable.

C’est un seuil en dessous du délire (cf PANSS). La pensée nourrie par la personne est surévaluée au point de nuire au fonctionnement de celle-ci. Il s’agit souvent de thématiques politiques, religieuses ou passionnelles. La croyance ne fait pas partie de celles qui sont habituellement acceptées par d’autres membres de la culture ou de la sous culture du sujet.

Les idées surinvesties sont intérieures au système de pensée de la personne (egosyntonique) contrairement aux obsessions qui s’imposent au sujet et sont, elles, extérieures à son système de pensée (egodystonique).

Par exemple, la jalousie morbide où le conjoint suspicieux va s’épuiser à engager tous les moyens possibles pour vérifier la fidélité de son conjoint. La différence avec un trouble délirant de jalousie est que, dans le délire, l’inquiétude persiste malgré les preuves contraires. Le « seuil » dans cet exemple n’est pas franchi mais témoigne de la porosité possible entre délire et idée surinvestie.

Malgré la difficulté clinique à démarquer une idée délirante d’une idée surinvestie, nous défendons l’importance de cet exercice clinique qui peut impacter significativement le raisonnement clinique et donc la prise en soins qui s'en suit.

Cette notion de seuil se retrouve dans les profils à risques des psychoses émergentes ou dans le trouble de personnalité schizotypique dont la prise en soin peut être très différente de la schizophrénie, particulièrement en ce qui concerne la prescrition de traitements antipsychotiques.