Le contenu de la pensée exprimé contient-il des éléments auto et/ou hétéro-agressifs ? Ce sous-chapitre rassemble le contenu de pensées centré sur les idées auto et/ou hétéro-agressives afin d’aider le clinicien dans sa description sémiologique.
Cette section reste poreuse avec certaines obsessions ou ruminations. Le lien avec le « comportement » est également présent et peut perturber l’utilisateur. Il convient, par exemple, de distinguer l’idée suicidaire du geste suicidaire ou de comportements suicidaires.
Dans cette section, nous avons mis en relief l’échelle d’intentionnalité suicidaire sur le modèle du Professeur Terra. L’autre section est réservée au vocabulaire permettant de qualifier des pensées auto et/ou hétéro-agressives.
Notre recherche dans la littérature ne nous permet pas de conceptualiser ce champ. Cependant, nous jugeons utile d’aider le clinicien, le cas échéant, à identifier ces contenus de pensées agressives, et de les nommer. Nous proposons des exemples concrets pour illustrer les différents types de pensées agressives (non exhaustif).
« Le suicide apparait comme la seule solution possible pour mettre fin à la souffrance psychique. L'élaboration d'un plan suicidaire est de plus en plus précis et envahit le sujet car la douleur devient insupportable. La recherche de moyens est active. »
« La perte d'espoir et le peu de solutions possibles confortent le projet suicidaire. Celui-ci est alors ruminé et des messages verbaux réguliers commencent à envahir l'esprit. Les idées sont fréquentes et quotidiennes. »
« Idées selon lesquelles le suicide pourrait constituer une solution à la situation ou bien à la douleur morale et à la détresse dans laquelle la personne se trouve et qu'elle juge insupportables. Les idées suicidaires sont de plus en plus présentes et des scéniarios sont envisagés. L'estime de soi est dépréciée. »
« Par inefficacité des solutions envisagées, le suicide peut apparaître comme une solution pour diminuer la souffrance. Des messages indirects surgissent dans la pensée du sujet. Les idées sont diffuses. »
«Etat anxieux avec une recherche active de solutions aux tensions internes mais pas d'idées suicidaires présentes. »
« Idées pessimistes produites en flux continu par le déprimé. Elles sont le véritable "carburant" de la tristesse, de la perte de motivation, du ralentissement des activités, … Elles empêchent la personne de peindre sa vie autrement qu'en noir. »
Pour comprendre ce processus (ou continuum) précipitant l’individu vers un passage à l’acte suicidaire (et en évaluer le risque), il convient d’en repérer les différentes phases qui vont de l’état de vulnérabilité où les idées suicidaires sont peu présentes jusqu’à une exacerbation de l’idée suicidaire pour mettre fin à l’intensité de la souffrance, sans autre solution possible. C’est là que se cristallise le risque majeur de suicide avec la recherche active de moyens létaux. A noter que ce processus ne peut être appréhendé de manière linéaire et/ou irréversible au regard de l’efficacité de solutions trouvées pour amenuiser la détresse psychique (Source : contenu inspiré de Séguin, M., Terra, J-L., 2004. Formation à l’intervention de crise suicidaire : Manuel du formateur, Direction générale de la Santé et Association québécoise de prévention du suicide, Intervenir en situation de crise suicidaire : Programme accrédité de formation, 2003).